jeudi 6 septembre 2007

MALI marionnettistes, atelier, histoires...









Voilà un Monsieur Baba prêt à l'emploi, à bailler, à te prescrir une cure de repos, à te raconter Bamako...



conception et premières étapes de fabrication








Mon sejour au Mali a pris fin, et je repars avec dans mon sac Monsieur Baba. Je n'ai malheureusement pas eu le temps de fabriquer ses "3femmes et une chevre" quatre personnages en une marionnette.
Je vous ai déjà présenté Baba l'autre jour en classe, voici des explications un peu plus en détails sur le processus de fabrication. Les photos illustrent les différentes étapes:
En fouillant un peu partout dans Bamako, j'ai rassemblé: du grillage,une peau de chèvre, de la colle néoprène, une vieille chambre à air de moto et un sac en chambre à air*, les cheveux d'Abdoulaye (l'un des fils de Yaya), un pagne "union nationale des travailleurs du Mali", un bout de fer à béton , une petite calebasse*, de la mousse à matela et du sparadra.

( *Au Mali, la calebasse est utilisée comme récipient ou bien même comme casque de moto lorsque son port était obligatoire. les chambres à air des véhicules sont récupérées. On en fait entre autres des sacs qui sont imperméable (puisque c'est du caoutchouc) et donc très pratique pour puiser l'eau du puit).


Avec du grillage, j'ai modelé les volumes du visages, une sorte de masque.Une fois le visage défini, j´ai recouvert le grillage d'une fine couche de mousse afin d'atténuer "'impression grillage" car le cuir (couche finale) est un matériau souple qui épouse le relief. Puis j'ai appliqué le cuir préalablement mouillé pour qu'il soit vraiment maléable et adhérer aux volumes. Je l'ai collé en plusieur pièce, comme un patron de couture à défaut de ne pouvoir le faire en un morceau. J'ai travaillé le cuir à certains endroits par exemple au niveau des paupières pour obtenir les plis.
Le visage terminé, je l'ai fixé à la calebasse qui fait office de boite cranienne en faisant des petits trous dans la calebasse, sur tout le pourtour du visage et en passant de l'un à l'autre un lien en chambre à air.
La base du corps de Yaya est constitué du sac en chambre à air. Sa tête, son buste et ses bras seront rangés à l'intérieur lorsqu'il ne sera pas animé. Du point de vue de la mise en scène, d'un marionnettiste, il offre une action et un jeu interessant à exploiter.
d'un point de vue fonctionnel, il ne me prendra pas trop de place dans mon sac à dos pendant mon voyage.
Par manque de temps, et suremment par facilité, j'ai confié mon pagne à un tailleur qui m'a confectionné une petite tunique à sa taille. J'ai fixé cette tunique au sac en chambre à air de la même manière que le visage à la calebasse.
Les bras sont composés de deux tiges de fer à béton articuler en leurs milieux par des anneaux. les tiges sont ensuite glissés dans les manches de la tuniques, et accrochées à la tige de la calebasse(le cou de baba).
À l'instar du visage, les mains sont faites d'abord en grillage recouvert de sparadra puis de cuir. Au niveau de la paume des mains, j'ai perforé le cuir afin de passer un lien en chambre à air et de fixer les mains au bras.
Ah j'oubliais, sur le haut du crane de Baba, je lui ai fait avec de vrais cheveux collés en couche successive une petite houppette.
Voilà un Monsieur Baba prêt à l'emploi, à bailler, à te prescrir une cure de repos, à te raconter Bamako...


5 aout 2007
Apres m'être initié auprès de Yaya Coulibaly et de la troupe Sogolon à la fabrication de marionnettes en bois "a la maniere de " Yaya Coulibaly, je me suis éloignée des marionnettes maliennes pour quelque chose qui dans la forme et dans le fond s'impregne surtout du quotidien malien plus que des contes et autres traditions orales. J'ai developpé des caracteres, des personnages de ce que j'ai vu, ce que j ai compris du Mali et d'apres de grandes discussions avec la famille Coulibaly, les voisins, la rue, le quartier. En ce qui concerne la forme, je travaille avec des materiaux qui me represente Bamako. ce doit aussi être des materiaux legers, pliable demontable bref peu encombrants pour mon voyage (puisque la marionnette me suivra) ainsi j'utilise des sac en chambre a air que les malien utilisent pour puiser l eau du puit, calebasse, cuir, grillage, laniere de chambre a air...

Les contes du Hameau
Contes maliens écrit par Namaké Diombana racontent et les héros et les personnages symboliques du Mali et vous ouvriront les portes de l'imaginaire Malien.

La Chèvre et l'hyène

Un jour, la chèvre, pour prendre un peu d'air, partit très loin du village et tout à coup, la voilà en face de l'hyène. Celle-ci très contente de la rencontre s'écria:
- À moi un bon petit déjeuner! Mais, petite soeur chèvre, je ne vais pas te manger sans savoir comment tu t'es égarée si loin de la maison.
La pauvre chèvre eut tr`s peur . elle imagina une tromperie pour s'échapper à l'hyène.
- Grande soeur! Depuis trois jours, je te cherche pour te chanter une très belle chanson! Une chanson que, même mon bien-aimé bouc, n'a pas encore entendue.
L'hyène se montra très impatiente d'entendre cette chanson car personne ne lui a jamais fait de louanges.
- Petite soeur, chante vite cette jolie chanson pour que je me voie au dessus de tous les animaux de la brousse, même de grand frère lion!
La chèvre se mit alors à chanter:
- Elle est jolie ma grande soeur! Elle est charmante ma grande soeur! Elle a une vitesse que même Éléphant le lourdaud n'a jamais eue ! Elle a une vitesse que même grand frère Lion n'a jamais eue! Elle est jolie ma grande soeur !
L'hyène est très flattée, en fut folle de joie et déclara:
- Quelle belle chanson! Petite soeur! Même le grand-père de grand frère le Lion n'a entendu une si belle chanson!
L'hyène se mit alors à faire des sauts à droite, à gauche, se mit à courir, alla loin, très loin de la chèvre, si loin que celle ci ne l'apercevait plus. À ce moment-là, la chèvre s'approcha un peu plus de la maison. Au bout d'un moment, l'hyène revint de sa course et la voilà près d'elle. Elle lui demanda en respirant à grand bruit:
- Hâ ! Hâ ! Hâ ! Petite soeur chèvre! Attention! Est-ce que tu as bougé?
Celle-ci, pour la tromper la rassura:
- Non! Grande soeur Hyène, je n'ai pas bougé d'un pouce! Regarde le soleil et regarde moi: Nous sommes bien alignés tous les deux!
L'hyène leva la tête, observa tour à tour le soleil et la chèvre puis affirma:
- C'est juste petite soeur! Tu n'as pas bougé! Reprends moi ta belle chanson, je ne l'ai pas bien entendue la première fois.
La chèvre reprit sa chanson en s'efforçant d'avoir une tr`s belle voix. L'hyène devint plus joyeuse que la première fois. Elle se mit à courir puis alla tremper sa patte arrière gauche jusque dans le fleuve Sénegal.
Avant son retour, la chèvre était tout près de la maison. Au bout d'un moment, voilà encore l'hyène prr`s d'elle. En respirant à grand coup, elle demanda encore:
- Hâ ! Hâ ! Hâ ! Attention petite soeur! Est ce que tu as bougé?
Celle-ci, comme si elle n'avait rien fait, répondit:
- Pas d'un pouce, grande soeur Hyène! Regarde le soleil et regarde moi; nopus sommes toujours bien alignés tous les deux.
L'hyène regarda tour à topuur le soleil er la chèvre, ne remarqua rien et affirma encore.
- C'est juste! Petite soeur, tu n'as vraiment pas bougé! Reprends donc ta jolie chanson car je ne suis pas pressée de te manger.
La chèvre répéta encore sa chanson en balançant sa tête tantôt à droite, tantòt à gauche. Ele avait la voix parfois très mince, parfois tr`s grosse. L'hyène devaint encore plus contente que les premières fois et s'écria:
- Oui! Maintenant, je sais que je suis la reine de la brousse! Mon nom est au dessus de tous les noms!
Elle se cabra, se tint sur ses pattes arrières, fit des pas de danse en tapotant des mains. Ensuite, elle s'élanÇa au grand galop, dans un tourbillon de poussière en direction du fleuve Sénegal. La chèvre en profita et, en quelques bonds, disparut. C'est ainsi qu'elle échappa à la gourmandise de l'hyène.









Me voici depuis une dizaine de jours et ce jusqu’à fin août sous le toit de Yaya Coulibaly, marionnettiste comme son père, son grand père, son arrière grand père…
Je cohabite avec environ quinze mille marionnettes entassées pour la plupart pèle mêle à tous les niveaux de la maison des plus récentes aux plus anciennes qui datent du 11ème siècles. Si les marionnettes sont d’abord une histoire de famille, Yaya Coulibaly, s’est ensuite formé à l’ Institut Internationale de la Marionnette à Charleville Mézières avant d’y enseigner à son tour. Aujourd’hui, de renommer internationale, il est régulièrement invité à tourner dans le monde entier avec sa troupe Sogolon qu’il a créé en 1980.


Petite introduction sur le théâtre de Yaya Coulibaly et plus généralement sur le théâtre au Mali :

Le théâtre traditionnel de masques et de d’objets marionnettiques du Mali appelé le théâtre Sogobò occupe une place majeur dans l’histoire du théâtre africain. Le Mali est en effet l’un des centres les plus importants de production de marionnettes en Afrique.

Le théâtre de marionnettes Sogobò est l’héritier d’une très ancienne coutume des peuples bozo (pêcheurs) puis bambara (agriculteurs) dont l’histoire et la culture sont très étroitement liées depuis des siècles. Dans l’esprit, il exprime la permanence des valeurs traditionnelles tout en promenant un regard ouvert sur le monde contemporain ; dans la forme, il témoigne de la prospérité d’une création artistique sans cesse renouvelée. Le théâtre Sogobò a recours a de multiples disciplines : contes, musique, mime, arts plastiques, chorégraphie…
Les spectacles mettent en scène des petites marionnettes à gaine, articulées ou non, des marionnettes habitables de grandes tailles, des marionnettes castelets articulées et des masques. Les marionnettes habitables sont animées par un ou plusieurs marionnettistes dissimulés à l’intérieur du corps de la marionnette (anthropomorphe et zoomorphe)

Le répertoire du théâtre Sogobò s’inspire de la religion et de la culture orale traditionnelle : représentation de mythes religieux, esprits, animaux (les représentations zoomorphes permettent entres autres de parler de la nature humaine de manière métaphorique). Reflet de la société et de son évolution, il introduit sans cesse de nouveaux thèmes, de nouvelles figures (hommes politiques contemporains, historiques : Gal De Gaulle, Gal Moussa Traoré. Il est donc révélateur de l’identité des peuples du Mali et permet une grande liberté d’expression puisqu’il offre la possibilité de véhiculer critiques et jugements. Les représentations zoomorphes permettent entres autres de parler de la nature humaine de manière métaphorique.

Bien que Yaya Coulibaly se plaît à transmettre son savoir au quatre coin du monde,
la sculpture est traditionnellement un domaine réservé aux forgerons « Numuke » car sculpter est un acte fort qui met en œuvre des énergies puissantes. « Seuls les forgerons sont autorisés à sculpter ces objets car on les considère apte à maîtriser ces énergies grâce aux connaissances ésotériques qu’ils ont acquises au cours de leur initiation.

Les objets anciens ne sont pas préservés à tout prix car considérés comme secondaires. Dans une culture essentiellement orale, la parole oubliée ne peut ressurgir et constitue une perte irréparable. En ce sens, la transmission de génération en génération de cet imaginaire collectif par le biais du théâtre est un élément majeur de l’identité artistique et culturelle du Mali.

1 commentaire:

eli a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.